Analyse à froid ...

Publié le par bzhreveur

Une semaine plus tard ... 

La "médiatisation" de ma petite course s'étant calmée, on va pouvoir analyser tranquillement mon 100 km ... voir ce qui a bien marché, ce qui a moins bien marché, ce qu'il faut améliorer, ce qu'il ne faut pas refaire ...

Ce qui est bizarre c'est le décalage entre le regard des autres et le mien sur ce que j'ai fait ... j'ai eu ce même déphasage quand je suis revenu d'Australie. Quand je me vois dans le regard des collègues, des copains, de ma soeur j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose d'extraordinaire mais ce n'est pas du tout le sentiment que j'ai, vu de l'intérieur ... j'ai juste couru 100 km ... c'est à la portée de tout le monde, il suffit juste de bien se préparer et de le vouloir !! Comme pour tous les petits défis que je me lance, je me dis au départ : "mon pauvre ami, t'es complètement barge, tu n'y arriveras jamais !!". Mais je suis breton, donc têtu ... alors je veux me prouver (juste à moi-même) que j'en suis capable ... J'essaye de mettre un maximum d'atouts de mon coté en me préparant bien physiquement, moralement, en étudiant, en organisant, en levant le plus possibles d'incertitudes ... Mais l'intéret du défi c'est qu'il reste toujours des incertitudes et des imprévus ... alors à moi de savoir m'adapter pour contourner ces derniers obstacles. J'ai mis 8 ans à me laisser convaincre de faire un 100 km tellement je ne m'en sentais pas capable (malgré l'expérience de ma quinzaine de marathons !). Quand j'ai accepté ce défi, je l'ai tellement bien préparé que, quand je l'ai réalisé, tout c'est passé comme dans un rêve ... un peu trop facilement même et aujourd'hui je n'ai pas le sentiment d'avoir fait un truc si extraordinaire que çà ... Je suis juste un petit breton ordinaire qui a fait une course ordinaire, juste un peu différente des autres, vraiment pas de quoi s'extasier ...

En referais-je un autre ? Quand je me suis inscrit, je me suis dit j'en fait un, pour dire que je l'ai fait, et c'est tout ! Maintenant, je suis moins catégorique ... refaire un 100 km, j'avoue que je n'ai plus rien contre ! Refaire une préparation aussi lourde, là par contre, je suis beaucoup moins chaud !! Quel circuit ? Royan : je l'ai déjà fait ... alors autant en faire un autre ! Millau : c'est le plus dur ... tant que je ne m'améliore pas suffisamment en montagne je ne m'en sens pas capable (c'est peut-être le prochain que je fais en tant que suiveur). Belvès : je connais le parcours ... il est beau, l'ambiance est sympa et il me tente bien. Chavagne en Paillier : le plus facile ... pour faire un bon chrono, parcours sympa mais c'est 4 x fois 25 km (pas cool !). Il y a aussi les 100 km de Sologne, les 100 km du Morvan, les 100 km du Haut Anjou ... Pas en 2008, ça c'est sur, mon planning étant déjà chargé !!!

L'entraînement ... très bien ... 800 km de footing et 260 km de vélo en 10 semaines, c'était le minimum qu'il fallait !! J'avais, en plus, un très gros foncier et une montée en puissance tout au long de l'année : marathon d'Ajaccio en 3 h 44 (fin mars), marathon de Chamonix en 7 h 06 (début juillet). Je ne pense pas que les 50 km d'entraînement manqués (suite à ma petite gène à la cuisse) ou que le semi d'Agen raté (suite à ma grosse bourde !!) n'aient influancé beaucoup le résultat final ! Ayant accumulé beaucoup de km, de faire une grande partie de cet entraînement en forêt a évité les traumatismes et m'a épargné des blessures et d'alterner avec du bitume m'a empêché de trop souffrir en fin de parcours. Ma plus longue sortie en km a été de 25 km et en temps de 2 h 30 ... je ne sais pas si plus long (30 km ou 3 h 00) m'aurait apporté plus ... à essayer la prochaine fois !! Etant parti sur l'hypothèse que le parcours était relativement plat, j'ai fait mes sorties longues, le long de la Garonne, sur un terrain tout plat ... erreur !!! L'hypothèse de base était fausse !!! Le parcours étant très vallonné, j'aurais du faire mes sorties longues sur des terrains plus accidentés, comme sur la rive droite (Bouliac, Quinsac, Saint Caprais ...). Je pense que j'aurais pu y gagner entre 15 et 20 mn ... Il m'a peut-être manqué une compétition longue (le semi d'Agen ...). Par contre, les 14 km que j'ai faits la semaine précédente (et qui ont été critiqués !) m'ont fait beaucoup de bien ... réaliser un tel chrono en déroulant et sans entamer mes réserves m'a prouvé que mon entraînement était bon et que ma forme était excellente. Ca m'a donné une énorme confiance !!

L'alimentation ... je n'ai rien changé à mon régime alimentaire ... je ne déjeune toujours pas le midi, je zappe toujours les petits déjeuners, je ne ferme pas les yeux devant un paquet de fraises Tagada ou une glace (même la veille de l'épreuve !!!), je bois toujours entre 1 litre et 1 litre 1/2 d'eau par jour ... J'ai juste mangé des pattes tous les soirs de la dernière semaine avant la course. Pendant la course j'ai très peu mangé : 1/2 banane, 1 vache qui rit, 2 bouts de gruyère, une dizaine d'abricots secs et quelques fraises Tagada (juste pour le plaisir !!) entre le 30ème km et le 55ème km ... après je sentais que mon estomac n'aurait pas supporté plus (peut-être  est-ce un point à améliorer si je veux approcher les 10 h 00 ... pas certain !). J'ai beaucoup bu à partir du 1er semi ... glucose - eau jusqu'au 50ème km, jus d'orange - coca - eau gazeuse après (parfait !). Mon poids de forme est entre 78 et 82 kg ... je m'étais arrangé pour arriver le jour J à 84 kg ... en sachant que j'allais perdre entre 4 et 5 kg pendant la course, j'ai couru dans les moments difficiles avec mon poids idéal et je pense que ça a joué son rôle !

La tenue ... ma paire de tennis (Pro Touch) a été parfaite ( je lui avais fait faire une centaine de km de compétition sur bitume !) et a fait la totalité des 100 km sans que j'éprouve le besoin de changer. Pareil pour les chaussettes (classiques, à bouclette, testées sur plusieurs courses). Un tee-shirt à manche longue pour le départ à la fraîche changé au bout de 50 km, quand la température remontait ... tee-shirt classique du club changé au 85ème km, en sang au niveau des seins ... tee-shirt classique du club pour les 15 derniers km qui finira aussi en sang (un peu moins) ... le frottement des seins est inévitable, un sparadrap ne tiendrait pas longtemps avec la transpiration et risquerait de me gêner encore plus, comme j'y suis habitué et que je ne sens absolument rien je n'ai rien fait de particulier pour l'éviter (finalement ça reste spectaculaire que pour les spectateurs !!). Un short classique ... j'avais un peu peur de l'échauffement entre les cuisses, finalement il a été très "léger" et n'est apparu que sur la fin, je n'ai donc pas eu besoin d'enfiler le short cycliste qui était prévu pour remédier à ce problème. Accessoires ... poignets éponges (utiles), casquette non utilisée (je l'aurais pas supportée longtemps !), lunettes de soleil non utilisées (j'ai hésité pour les 20 derniers km). Là, rien à changer !!

Les accompagnateurs ... il y a 2 facteurs qui influencent énormément mes performances (et quelque soit ma préparation ou ma forme du moment) ... les conditions météo et le moral ! Pour le moral rien de tel que d'être accompagné !! C'est pour ça que je m'arrange souvent pour être accompagné sur mes marathons ... Là, avec Roberto à mes cotés, je pouvais aller au bout du monde !!! J'ai rajouté un gros + pour mettre tous les atouts de mon coté ... ma petite soeur !!! Sans leurs présences jamais je ne me serais lancé dans un truc aussi fou !!! Quand Geneviève s'est proposée de venir m'aider sur la fin du parcours ça m'a boosté un peu plus encore et j'ai commencé à être plus ambitieux et à viser les 11 h 00. Quand Laurette et Annie ont voulu m'aider à leur tour je me suis dit que je ne pouvais que finir !! Laurette a failli provoquer l'effet inverse ... son arrivée tardive à mes cotés a introduit, temporairement, un petit moment de doute et de panique !! Ce qui prouve que le moral est important et ... fragile !!! Bien sur que seul ça peut se faire, d'ailleurs beaucoup de coureurs n'ont pas de suiveurs ... mais moi, sans eux, j'aurais facilement mis 2 h 00 de plus, j'aurais marché intégralement les 10 derniers km, j'aurais peut-être même pas fini !!! Heureusement qu'ils étaient là dans les longues lignes droites désertes de la forêt ou pour m'ouvrir la route à travers cette foule indifférente ... C'était le petit plus que j'avais par rapport à mes adversaires !!! J'avais aussi une source de motivation supplémentaire ... le trophée que m'avait remis le club des Anonymes ! Je voulais faire une belle course pour faire honneur à cette récompense qui m'avait touché et pour représenter honorablement le club des Anonymes du Campus ...

La stratégie ... payante !!! Partir sur une base de 11 km/h, jusqu'aux montagnes russes, a lancé ma course sur de bonnes bases ... sans ces côtes à ce moment ("mur" du marathon) je pense que j'aurais pu garder le rythme jusqu'à mon arrêt du 50ème km. Avoir Karine à mes côtés sur ce passage 30-marathon m'a bien aidé à franchir ce 1er palier que je redoutais. Ne jamais m'arrêter (jusqu'au 50ème) a été assi une bonne chose ... j'ai pu ainsi conserver mon rythme sans me désunir (ce qui est mon problème sur marathon ...). M'arrêter aux autres ravitos était plus un besoin mental (couper un peu le train-train qui s'installait) que physique et le rythme étant plus bas je perdais moins à m'arrêter 1 à 2 mn. Avoir Laurette à partir du 50ème m'aurait permis de mieux gérer ma baisse de régime du 2ème palier (60-80) ... les circonstances ont été différentes et après un moment de doute, et avec l'aide de Roberto, j'ai réussi à m'adapter. A partir du 68ème, j'ai commencé à marcher dès que ça montait (ça ne m'a pas fait perdre beaucoup de temps et ça m'a surtout économisé !). Avoir Geneviève à mes cotés pour finir a eu complètement l'effet escompté ... ça a reboosté la machine et j'ai fait les 15 derniers km exactement au rythme pévu (à la minute près !!!). Je n'ai réellement coincé physiquement que dans les 10 derniers km ... là c'est mon mental, aidé par Geneviève et Laurette qui fini la course !! Sans la répétition de tous ces faux-plats je n'aurais peut-être pas marché une seule fois ... Je reste surpris d'avoir fait ce 100 km aussi "facilement" ... ce qui prouve que l'entraînement paye et que ma stratégie était la bonne !!!

La course ... 
- la météo : exactement ce que j'espérais !!! Pas trop froid au départ, chaud mais pas trop (23°) pour finir, pas de vent, ciel bleu et soleil ... le rêve !!!
- le parcours : super beau !!! Le long de l'océan, aux bords des corniches (super), puis sur une piste cyclable en pleine forêt (pas une seule voiture pendant 55 km ... le pied !!!), tour de piste au stade au départ et à l'arrivée (très sympa pour l'ambiance) ... le rêve !!!
- le profil : j'étais parti pour un 100 km tout plat ... ben ... j'ai été surpris !!! Heureusement que j'avais reconnu le parcours la veille ... j'ai pu digérer la surprise !!! Plus dur que Belvès, d'après les spécialistes, c'est pour dire !!! Ca a fait surtout paniquer ma patineuse !!! Les côtes ne sont pas dures (quoique ... celles derrière la plage de la Grande Côte ...) mais ça monte et ça descend tout le temps ... on doit relancer sans arrêt et ça fini par user !!!
Gros point noir ... le passage du 99ème km ... on quitte l'esplanade du front de mer pour descendre 6 marches (terrible pour les muscles à ce moment-là !!!), puis crapahuter dans du sable mou pendant 20 m (on a l'impression que ça fait 500 m !!!), pour finir par traverser un terre-plein (j'ai raté le trottoir et j'ai failli m'étaler, en maudissant celui qui avait tracé cette fin de parcours tellement ça m'a fait mal partout !!!) ... je n'ai pas bien compris l'intérêt de ce passage ... surtout au 99ème km ?!?!?!
- la signalisation : un peu légère à certains endroits ... on a failli se tromper de route (dans les petites rues avant la plage du Platin) et certains se sont trompés ! C'est surtout dur vers la fin quand la fatigue fait effet et que la lucidité te fait défaut ! Heureusement, j'étais accompagné !! J'ai pas vu les panneaux 96 et 97 ... là c'est dur moralement, on cherche ces panneaux, on les voit pas et on a l'impression de ne plus avancer !!!
- la sécurité : le parcours étant pratiquement entièrement sur piste cyclable, les principaux axes étant bien protégés (et les bénévoles très sympas) ... on a aucun stress provoqué par les conducteurs irascibles !!
Gros point noir ... la foule des promeneurs du dimanche à partir de la Grande Côte (pour les 15 derniers km) ... heureusement, j'avais Geneviève et Laurette qui m'ouvraient le passage (ce qui n'a pas empêché un abruti de me heurter !!) ... mais je pense à ceux qui étaient tous seuls ... ils n'ont pas du se régaler !!!
- le ravitaillement : en solide c'était peut-être un peu léger (quand on compare à Belvès par exemple) même si pour moi c'était largement suffisant vu le peu que je grignote (bien que les pattes de fruits faisaient défaut ...) mais je pense à ceux qui ont besoin de manger plus !! Par contre, en liquide c'était parfait ... Et, encore une fois, les bénévoles étaient souriants et très sympas !!
- l'ambiance : tristounette ... pas de spectateurs ... juste du coté de Ronce les Bains et de la Tremblade (une vingtaine !!) ... heureusement qu'il y avait les Anonymes du Campus pour mettre un peu d'ambiance en différents points du parcours et de l'intérieur avec Roberto !!! De longs longs longs très longs morceaux de lignes droites désertes à travers la forêt ... tellement seul qu'on se demande si on est sur le bon chemin !!! Heureusement qu'il y avait les chants basques de Roberto !!! des coureurs tristes ... quand on se croisait ils ne répondaient même pas à tes petits mots d'encouragements, ils t'adressaient même pas un regard ... je veux bien que ça soit une épreuve difficile mais on est tous dans la même galère alors un petit signe, un petit clin d'oeil, un petit sourire ça ne coûte rien !!! Il ne faut pas s'étonner après que les spectateurs n'aient pas envie d'applaudir ... C'est pas grave, ils ne sont pas tous comme ça ... on apprécie d'autant plus ces quelques "humains" qui te répondent !!!
- les récompenses : à l'inscription on a le droit à un petit guide touristique, un plan de la ville, le règlement et le plan de la course, un petit auto-collant, une bouteille de Pineau, un sweet (coureur), un tee-shirt (accompagnateur) ... à l'arrivée on a le droit à une petite bourriche d'huîtres ... c'est dommage qu'on n'est pas une petite médaille (c'est un 100 km quand même !!!) ... à la remise des prix il y a quelques lots sympas au tirage au sort.
Une très belle épreuve ... quand elle aura gommé ses petits défauts de jeunesse (2ème édition seulement) elle deviendra sûrement une date incontournable pour les centbornards !!!

Hébergement : impeccable ... 100 m de la plage et du front de mer, 100 m du stade (et de la gare) au calme. Venir le vendredi était une bonne idée ... ça laisse la possibilité de reconnaître le parcours le samedi ... Repartir le lundi était aussi une bonne idée ... on ne stresse pas pour rendre la clé de l'hôtel, on garde une douche pour les accompagnateurs, on récupère tranquillement ...

Conclusion ... super week-end ... super dimanche ... super course ... super chrono ... que demander de plus !!!

Publié dans 100 km de Royan 2007

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